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Un demandeur d'asile ne peut pas se loger avec 4,20 euros par jour

Public - Droit public général
06/01/2017
Le montant additionnel de 4,20 euros par jour devant permettre à un demandeur d'asile de bénéficier d'un logement sur le marché privé de la location est insuffisant. Cette mesure justifie l'annulation partielle du décret n° 2015-1329 du 21 octobre 2015. Telle est la décision rendue par le Conseil d'État le 23 décembre 2016.
En l'espèce, plusieurs associations demandaient au Conseil d'État d'annuler ledit décret et d'enjoindre au Premier ministre de fixer un montant additionnel de l'allocation pour demandeur d'asile suffisant pour permettre un hébergement dans le parc privé. Le Conseil d'État estime, d'abord, qu'il résulte des articles 375-3 du Code civil et L. 221-1 et L. 222-5 du Code de l'action sociale et des familles qu'il incombe au service de l'aide sociale à l'enfance des départements de prendre en charge l'hébergement et de pourvoir aux besoins des mineurs étrangers qui sollicitent l'asile et sont privés de la protection de leur famille.

Par suite, l'exclusion des demandeurs d'asile mineurs du bénéfice de l'allocation pour demandeur d'asile, prévue par le décret, ne méconnaît ni les objectifs de la directive n° 2013/33/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 juin 2013 (directive établissant des normes pour l'accueil des personnes demandant la protection internationale), ni l'article 3-1 de la Convention internationale relative aux droits de l'enfant.

Mais le Conseil d'État estime, également, qu'il résulte de l'article 17 de cette même directive que lorsqu'un État membre n'est pas en mesure d'offrir à un demandeur d'asile une solution d'hébergement en nature, il doit lui verser une allocation financière d'un montant suffisant pour lui permettre de disposer d'un logement sur le marché privé de la location. Il conclut, par conséquent, à la solution susvisée et enjoint au Premier ministre de prendre les mesures réglementaires conséquentes dans le délai de deux mois à compter de la notification de la décision.
Source : Actualités du droit